Deux recueils de nouvelles sont disponibles chez l’éditeur, cliquer sur la couverture du livre, pour vous y rendre.
Le miroir noir
suivi de « La citadelle de papier » et de « L’armure »
Par Hubert de Voutenay
Type : Nouvelles
Format : Roman (134×204)
Nombre de pages : 166
Date de publication : 21/10/2008
ISBN : 9782812150647
Résumé : « Germain, redressé sur un coude, la regardait avec intensité. Au fond de lui, une boule de tendresse enflait dans sa poitrine. Oh, Sandra, pensait-il, tu es dure comme le plus dur acier et, en même temps, fragile comme le cristal. Tu te veux lucide mais tu as une âme de midinette. Après un silence qu’il n’osait rompre, elle reprit : « Pour le reste, il faut s’acharner, utiliser ses souvenirs pour tout voir dans sa tête, tout recomposer à partir de ce qu’on sent. Pour me coiffer, en cachant le plus possible ce qui doit l’être, pour m’habiller, je me regarde au dedans de moi. C’est difficile à expliquer. C’est comme si je voyais mon image en négatif sur un fond noir… Un miroir noir, c’est bien ainsi que je l’appelle. Je vois les mèches en désordre ou ma veste mal boutonnée. Ainsi, en ce moment, je t’offre un triste spectacle, mon pauvre Germain ! Heureusement, tu es du bon côté, sinon… »
Recueil de trois nouvelles, Le miroir noir invite à s’interroger sur la perception de soi-même et sur les reflets que renvoie le regard de l’autre. Le pénible apprentissage de l’individualité, qui se construit dans la confrontation aux moqueries de la cour d’école comme dans le rapport amoureux puis dans le face-à-face ultime avec la mort : telles sont les facettes que nous offre de découvrir ce recueil, sous une plume qui sait se faire tantôt légère puis plus sombre, toujours attentive à révéler l’universalité des angoisses humaines.
Oncle Norbert
Par Hubert de Voutenay
Type : Nouvelles
Format : Roman (134×204)
Nombre de pages : 146
Date de publication : 02/03/2009
ISBN : 9782812151149
Résumé : C’est l’histoire de la complicité qui unit Stanislas à son oncle Norbert, un savant fantaisiste qui à défaut de faire des inventions géniales multiplie celles qui sont farfelues ! De la découverte d’un procédé permettant à un engin de voler sans fin et sans carburant, à un système de duplication permettant une réplique exacte et intelligente d’une vedette puis de sa femme, c’est à un retour dans le temps que va se consacrer l’oncle Norbert, laissant à Stanislas le soin de vivre au présent. Un recueil de tranches de vies construites autour d’une relation filiale accomplie. Une narration entraînante agrémentée par des nuances de baroque, de merveilleux et par beaucoup d’émotions. Un livre qui séduira, tous âges confondus.
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HRUH se tenait droit, au bord du défilé,
regardant le pâle soleil d’hiver s’effilocher sur la montagne des morts, accrochant ici et là de brefs éclairs rosés aux paillettes de quartzite
prisonnières des roches de la nécropole.
A ses pieds, à quelques trente hauteurs d’hommes plus bas, le torrent qui venait d’au-delà des grandes chasses laissait monter un froid mugissement que troublait par instants le bref glapissement de terreur de petits herbivores surpris par le bon inopiné d’un prédateur insomniaque.
Dame Isabeau se tenait, immobile, sur le chemin de ronde.
Ses mains étaient crispées sur la pièce d’étoffe blanche qu’elle venait de cesser d’agiter. Son regard, par le créneau, fixait le tournant du chemin où, à la corne du bois, la poussière soulevée par les chevaux, retombait en lentes volutes.
Sur son jeune visage, des larmes brûlantes traçaient des sillons de lumière dans l’éclat insoutenable du soleil de midi.
Près de la tour de guet, quelques hommes d’armes dévolus à la défense du château, bavardaient entre eux à mi-voix en lui jetant, de temps à autres, des coups d’œil furtifs.
Il était le seul humain sur une planète étrangère et déserte.
Debout sur le sol lisse comme un carrelage de marbre, les mains aux hanches, Adam contemplait ce qui désormais serait son univers.
Banni à jamais de la terre qui l’avait vu naître, il ne devrait qu’à son seul cerveau et à ses seules forces de réussir ou d’échouer dans la tâche qui lui avait été assignée.
Dans le ciel violet, les deux soleils jumeaux, baignaient de leurs rayons rougeâtres un paysage uni, sans le moindre relief. L’horizon proche affectait la forme d’un arc de cercle parfait qu’aucun accident de terrain ne venait troubler. Seule rupture dans cette uniformité, le vaisseau bulle qui l’avait amené sans espoir de retour projetait une ombre double irisée qui s’étirait loin devant lui.
Souricette ouvrit un œil, et puis l’autre. Elle fronça son petit nez, rendue perplexe par ce qu’elle voyait. Autour d’elle, tout était bleu, d’un bleu clair… bleu ciel, tiens !
Ici et là, de gros flocons laineux semblaient errer à l’aventure. Mais, nom d’un Chat, où était-elle ?
Le décor familier avait disparu.
La savane, les hautes rémiges du chiendent qui mesuraient plusieurs fois sa hauteur, les vastes corolles des pâquerettes que hantaient parfois de gros monstres poilus aux ailes vibrionnantes, les bûchettes de bois mort qui jalonnaient son chemin habituel et même le « tunnel des fourmis » qui menait à l’intérieur du « grand magasin », tout avait disparu. Il n’y avait plus que ce bleu intense qui l’enserrait de toutes parts.
Il s’appelait François, allez savoir pourquoi… Il avait vingt ans quand il fit le songe. L’ombre de la nuit l’entourait de toutes parts. Et puis, une lueur apparut, révélant trois portes fermées et, au centre de la lueur, une silhouette indéniablement féminine, presque transparente. Et l’apparition parla :
– Vois ! Devant toi, il y a trois portes. Chacune s’ouvre sur un avenir différent. Derrière chaque porte, il y a un escalier que tu devras gravir. Chaque marche est une année de ta vie. Quand tu en auras compté quatre-vingts, tu trouveras une nouvelle porte. Alors, arrête-toi et regarde derrière toi, vers le bas de l’escalier. Si ce que tu vois te plait, alors ouvre-la. Puis, tu redescendras pour regagner ce qui est ton présent mais sache que, quoi que tu fasses, l’avenir que tu auras choisi sera ton avenir. Rien, pas même moi, ne pourra le changer.
Le « Grand Ingénieur » était occupé à tailler un rosier en fredonnant « pom… pom… pom… ». Il était grand, le chef garni d’une opulente toison de neige que complétait une large barbe de même couleur et vêtu d’une salopette de teinte indéfinissable dont une bedaine quelque peu rebondie tendait le tissu à l’extrême.
Il se sentait de bonne humeur, ce matin là. Le soleil, dont il avait réglé la course, accomplissait sa besogne avec ponctualité, baignant de chaude lumière la cour où il s’activait.
Fermant celle-ci, un mur au crépis fendillé était percé d’une porte au dessus de laquelle, un écriteau de guingois annonçait fièrement : « Laboratoire ». A l’opposé, abritant une porte à claire-voie, un porche décoré d’opulentes arabesques, arborait une inscription gravée dans la pierre : « Jardin d’Eden ». Dans un coin, un guéridon de jardin en tôle ajourée dont la peinture s’écaillait, finissait tranquillement de rouiller.
Quelle heure est-il ? Bientôt quatre heures ? Alors, finis ton Coca et viens ! Fichons le camp ! Pourquoi ? Comment, tu ne sais pas ? C’est vrai que tu n’es pas d’ici. Partons parce qu’à quatre heures, « ils » seront là. « Ils » vont venir ! « Ils » vont se répandre sur le quartier comme un nuage de criquets. Dans quelques minutes, il y en aura partout. « Ils » vont s’éparpiller dans nos rues, dans nos avenues, sur nos places, « Ils » vont envahir les autobus, s’agglutiner autour des bouches de métro, se coller sur les vitrines des magasins comme des sangsues. Allons, viens vite ! Après, il sera trop tard. « Ils » vont être là, devant toi, avec leur peau rugueuse et fripée, avec leur caquetage insupportable et leur démarche grotesque. A chaque coin de rue, on risque de « les » rencontrer, seuls ou par tribus entières. « Ils » grouillent par centaines et déferlent sur toute la ville, même sur les beaux quartiers, tu imagines ?
Joah se tenait sur le seuil de son laboratoire privé. Accoté au chambranle laqué de blanc, il promena un regard morne sur la pièce vide d’occupant. Au centre, une vaste table nue faisait une tache claire dans la pénombre que seuls maculaient de vagues reflets en provenance des appareils alignés le long des murs.
Une aube triste de découragement pesait sur ses épaules voutées. Encore jeune, il se sentait vieux. A quoi bon tant de recherches, de nuits sans sommeil, où les idées tourbillonnantes voletaient, insaisissables comme de pâles papillons, sans se poser nulle part, sans lui laisser la moindre chance de les saisir, de les fixer, de les vérifier par l’expérience…









